Fer, tissu, toile de jute, acrylique: voici les éléments de fabrication de “La Reine de la Cage“. Ce chef d’œuvre de 15kg et 95cm de hauteur, en exposition à la Maison des Jeunes, est fabriqué en 2021 dans le parc Adjit’Art. Son auteur , Aké O’Lokan, artiste, sculpteur, dévoile son histoire.
« Me voilà dans une cage en fer, Enchaînée en plus. Une partie de mon corps est nue et exposée. L’autre est recouverte d’un vieux tissu qui appartenait à la maîtresse blanche. Il avait été jeté.
Je l’avais récupéré.
Je suis triste, désemparée.
Mon maitre a abusé de moi. Il m’a battue, violée et enfermée dans cette cage en proclamant que j’avais tenté de le séduire. En m’enfermant, il m’a dit à l’oreille « je suis désolée chérie »
Je suis faible et sans défense. Bien qu’il m’ait publiquement condamnée, mon maitre continue de me rendre visite, la nuit.
Et de me violer encore et encore.
Vous croyez voir mon visage. En réalité, mes traits rassemblent tous les êtres qui ont été soumis à l’esclavage, ici et sur tous les continents, tous les êtres d’ hier et d’aujourd’hui qui subissent le racisme dans leur chair ou dans leur âme.
Dépouillée de tout, humiliée, ma fierté me fait pourtant tenir et je me sens la reine de la cage ! De son doigt vengeur, mon enfant te dénoncera un jour. Pour toi, pour moi, pour nous, il vaut de l’or. C’est lui un jour qui racontera l’Histoire. Il ne faut pas l’effacer. Préserver l’Histoire, c’est préserver la vie. »
L’exposition de cette œuvre a eu lieu le 4 Février dernier à la Maison des Jeunes à Amadahomé et se poursuit jusqu’au 28 Février 2023.
Pierre DJREKE